« Sommes-nous façonnés
par le cinéma ? »
Cette question soulevée par Raymond Moley en 1938,
au Etats-Unis, n’en finit plus d’être discutée. L’influence des films sur les
spectateurs est inlassablement étudiée depuis des générations. Le cinéma
Américain a été conçu comme une leçon de morale, afin de rassembler une
population autour d’idéaux communs, il est considéré comme
le premier moyen de diffusion de la culture américaine à l’étranger.
Raymond Moley (1886 – 1975) était une personnalité américaine qui participa au New
Deal.
1) Influences Positives.
Le cinéma américain cherche en général à instaurer dans ses
films un mode de vie et des valeurs bien rodés : « Protéger les siens,
vaincre le mal, rendre justice et retrouver son foyer tout en s’efforçant de rester digne et
bon ».
Ces valeurs plaisent au plus
grand public. Hollywood représente aussi à l’étranger, l’ampleur d’un modèle de
civilisation qui apparaît nettement dans ses films. Ce système a montré son
efficacité et propage l’idéologie américaine de la réussite, du monde libre et
de ses héros. La modernité et la fascination sont ainsi les principaux atouts
du modèle américain, de l’« American Way of Life », pour le
plus grand profit d’Hollywood.
« The
American Dream ».
Le Rêve Américain ou l’American Dream
est au départ l’idée selon laquelle n’importe quelle personne vivant aux
Etats-Unis, par son travail, son courage et sa détermination, peut devenir
prospère. Tout le monde peut se reconnaître dans le Rêve Américain.
« Trouverait-on à travers le
monde le rêve américain sans le cinéma? Aucun autre pays dans le monde ne
s'est ainsi tant vendu, et n'a répandu
ses images, l'image qu'il a de soi, avec une telle force, dans tous les pays »
Propos tenus par Wim Wenders, réalisateur, producteur, scénariste de cinéma et photographe allemand.
Le cinéma américain, et plus particulièrement
le cinéma hollywoodien, ne cesse de faire la promotion d'un rêve
unificateur et idéalisant. Mais quel est réellement ce « American Dream » ?
Pour Anne-Marie Bidaud, écrivaine,
« l'idéologie américaine s'exprime [...] d'abord sous forme de vision d'avenir, de projet utopique, aux contours suffisamment vagues et flexibles pour traverser l'histoire, tout en conservant le désir permanent de se rapprocher au plus près d'une Amérique idéale.
Cette idéologie utopique vient s'appuyer, du moins dans le cinéma américain, sur la notion de «mythe» qui tente de naturaliser une version de l'histoire dans l'inconscient collectif américain, afin de définir aussi bien le passé des États-Unis, que son devenir. » Comme l'ont analysé Claude Lévi-Strauss ou Roland Barthes, le recours aux mythes est une forme de négation ou d'évaporation de l'histoire » Paul Warren renchérit en ajoutant qu'à Hollywood, la technique n'est « jamais innocente et [...] son invisibilité est la stratégie que prend le mythe pour se faufiler dans le filmique et pour mieux parler en nous ».Le mythe devient donc le moteur du rêve américain et de son idéologie, alors que Hollywood constitue son fil conducteur idéal.
Le
« Happy End »
Le « happy-end »
qui signifie « une fin heureuse » , est une sorte de
coutume du cinéma Américain, ce qui explique le fait que ce terme reste utilisé
en Anglais dans d'autres langues.
La tendance d'Hollywood a
préférer ce genre de fin, se dévoile dans de nombreux films. La production a
même été jusqu'au point de changer la fin originale d'œuvres adaptées au
cinéma, comme par exemple certains Disney, tirés de contes. Le plus souvent, la
fin tourne à l'avantage du héros ou de l'héroïne: les personnages confrontés à
des dangers et des difficultés, survivent et accomplissent leur mission; s'ils
sont amoureux, ils parviennent à concrétiser leur amour, etc... Ces sortes de
fin rassurent le spectateur sur ses valeurs et le console, ce à quoi il a servi
notamment à l'époque de la Dépression. C'est ainsi devenu une exigence du
public américain. Les populations prennent un grand plaisir à s'entendre
éternellement répéter les mêmes fables rassurantes : « et ils vécurent heureux
jusqu'à la fin de leurs jours ».
Il arrive également que le
happy-end ne soit qu'un message optimiste; c'est le cas de « Autant en emporte le vent » où malgré la fin de sa relation avec Rhett
Butler et le décès prématuré de ses enfants, Scarlett O'hara déclare :
« Après tout, demain le soleil brillera encore ! ».
La dernière sorte de « happy
end » n'est pas toujours « totale » : Malgré la concrétisation
des amours, les ennemis vaincus, il vient parfois cacher une fin plus triste
(exemple : Couple unifié mais décès d'un membre de la famille). Malgré tout, l'industrie du cinéma américain, vise toujours à garder un certain espoir à la fin de ses films.
Le cinéma a joué un grand rôle dans le Rêve Américain, ainsi en
utilisant le « Happy End » : il a fortement influencé la société
Américaine, faisant des Etats-Unis, un modèle à l’échelle mondiale, qui a été
admiré. On est englouti dans un monde qui n’est pas le nôtre pendant quelques
heures, et sortir de cette réalité est un vrai besoin pour chaque individu
aujourd’hui. Les films, la télévision, et plus globalement, les Arts,
produisent une forme d’entité qui change notre réel. A force de lectures et de
films, on se forge une certaine sensibilité, un avis, notre propre manière de
penser. Les écrans ne sont pas à bannir de nos vies, ils constituent un élément
non négligeable, ils permettent aux spectateurs de s'évader un peu, de rêver à mieux. Cependant, il peut avoir des influences négatives
aussi, que nous traiterons dans la partie suivante.
2) Les Influences Négatives.
De nos
jours, les films comportant violences, alcools, drogues où tous comportements inadaptés, sont
produits de façon presque « quotidienne ». Une grande majorité des
spectateurs ne demandent que cela, ils sont à la recherche de sensations fortes, inconnues. Cependant, Le Septième Art peut aussi bien
émerveiller que détruire peu à peu notre société actuelle. Certains adeptes, en
recherche d’adrénaline, ne cessent de reproduire ce qu’ils voient. On pourrait
donc penser que « le cinéma s’inspire et le cinéma inspire ». Le lien
entre ces deux « mondes » semble de moins en moins perceptible. La
limite se franchit avec une grande simplicité. Certains films dépassent
largement le seuil de cette limite : Scream,
Orange Mécanique, Requiem for a Dream, Projet Blair Witch.
On peut aussi faire le
parallèle avec certains jeux vidéo, accessibles aux enfants de plus en plus tôt.
Ces derniers sont de moins en moins contrôlés à la vente et par les parents, (GTA par exemple un jeu vidéo -18 ans qui comporte quasiment toute les violences existantes). Les plus jeunes joueurs, ont tendance à ne pas sortir de ce monde virtuel et se comportent de la même façon pour copier leur héros. Le virtuel peut entrainer chez l'adolescent un comportement violent, un vocabulaire choquant etc.
En effet, les adolescents, moins
conscients du danger, sont les premiers touchés par l’influence néfaste des écrans, notamment du
cinéma, pouvant entrainer jusqu’à délinquance ou relâchement moral. En effet, ces types de films ont deux effets
sur la population : positif ou négatif.
-Soit le public considérera
que ce film va à l’encontre des valeurs de la société et de ses règles,
l’influence sera alors positive.
-Ou il appréciera la présence
du domaine de l’interdit (drogues, etc...), même jusqu’à les pousser à
reproduire ce qu’ils voient, elle sera alors négative. Comme la cigarette par exemple, un exemple universel car elle est très présente sur nos écrans et qui est devenu une sorte de "mode".
Certains films à succès, ont réellement influencé des individus, autant par un aspect "cool" du film, comme par un aspect sordide.
Selon une information émit par ABCNews.com
"La fête se tenait mercredi dans une maison de Houston, aux Etats-Unis. Des centaines de jeunes (entre 300 et 1000 au total, selon les sources) étaient réunis pour cette soirée, une parmi de nombreuses, a tenter de reproduire celle du fameux film de « Projet X ». La police est intervenue aux alentours de minuit pour mettre un terme à la fête géante, suite aux plaintes des voisins gênés par le bruit. Mais la situation a viré au drame lors de l’évacuation des lieux : certains fêtards auraient ainsi brandi des armes à feu en signe de protestation, provoquant la mort d’un jeune homme touché par plusieurs balles. La victime est décédée à l’Hôpital Ben Taub General de Houston."
Ce fait divers montre à quel point un seul et unique film peut influencer. On nous vend du rêve alors on tente de le reproduire, seulement les risques ne sont pas moindres en réalité comme ici où rien n'était sous contrôle.
Les films sont aussi un moyen pour évoquer certaines
substances illicites, comment y accéder, et leurs effets de façon positive ou
négative (Cocaïne, Héroïne, Extasie, LSD, etc.)
Le cinéma transmet parfois aux jeunes des messages qui
idéalisent l’usage du tabac et/ou la consommation d’alcool et de drogues.
Plusieurs recherches sur le sujet ont conduit à des résultats en ce sens. Une
étude menée par l’université de Harvard, a prouvé que les femmes fumaient deux
fois plus à l’écran que dans la vie réelle. Ainsi 42% des actrices sont appelées
à fumer alors que seulement 24,3% des femmes américaines fument dans leur vie
quotidienne. C’est un vrai contraste avec la réalité.
Pour les Femmes, la cigarette
au cinéma est associée au contrôle des émotions, permet d’affirmer leur pouvoir
et de leur donner une allure plus « sexy ». Quant aux hommes, ils se
servent de la cigarette pour renforcer leur identité masculine, leur autorité.
Selon Stéphane Fortier,
Président du Conseil d’Administration d’Info-Tabac :
« Lorsqu’on s’interroge sur les raisons qui amènent les jeunes à fumer, on retrouve fréquemment la recherche d’une identité, l’affirmation de soi, l’indépendance, une espèce de rébellion contre l’interdit. Cette identité, cette affirmation, on va souvent la chercher dans le monde prétendument idéal que nous présente le cinéma, ainsi que la télévision, à l’intérieur desquels apparaissent des modèles d’identification. Fumer c’est cool, me disent certains jeunes. Comment contredire quand on voit le beau Léonardo, vedette principale du film Titanic, sans doute la production la plus populaire à avoir envahi l’écran, fumer sans vergogne. S’identifier à ces vedettes signifie aussi pour certains, faire comme eux, les imiter. »
Chaque année, l’industrie du
tabac dépense des milliards pour inciter les jeunes à fumer. Elle cherche à
faire croire que fumer est valorisant, séduisant et cool. Toutefois le cinéma
peut aussi permettre de prendre conscience des manipulations effectuées par
cette industrie pour promouvoir leurs produits.
De la même façon que pour la cigarette, le cinéma américain
présente souvent une image positive de l’alcool. Il glorifie le héros
consommateur d’alcool en le rendant plus séduisant, plus attrayant
sexuellement, plus romantique et plus drôle que ceux qui n’en boivent pas.
A ce sujet, une étude a aussi
été réalisée par des scientifiques de la Georgia Southern University. Ils ont
examiné plus de cent films populaires de ces dernières années, afin de
percevoir l’importance accordée à la consommation d’alcool. Les résultats le
prouvent, l’alcool détient une grande place dans de nombreux films. Selon les
auteurs de l’étude : « le cliché véhiculé par le cinéma ne contribue
guère à encourager une attitude responsable de la société à l’égard de
l’alcool. »
L’alcool a souvent été le
moteur économique de nombreuses productions, françaises ou étrangères, un outil
pour déclencher une série d’aventures toutes plus extraordinaires les unes que
les autres.
L’alcool est un sujet qui n’a
jamais été vraiment traité dans le cinéma. Il n’y a jamais eu autant de
prévention que pour les drogues, un paradoxe puisque le nombre d’alcooliques
est beaucoup plus élevé que le nombre de toxicomanes. Il faudrait tout de même
ajouter que l’alcool est aussi une drogue.
Outre l’influence par la prise de substances illicites, on
observe aussi que certains films violents, ou d’épouvante notamment, donnent des idées à des individus probablement déjà fragiles psychologiquement, au comportement inquiétant.
Pour vous faire réaliser
l’ampleur de l’influence du cinéma, voici un témoignage d’un meurtre, inspiré
de « Scream ».
(Extrait du site Blady.net).
« Un jeune homme de 19 ans comparait aujourd’hui pour le meurtre d’une adolescente de 15 en Juin 2002. Julien, âgé de 17 ans au moment des faits, est jugé devant la cours d’assise des mineurs de Loire-Atlantique, à Nantes. Le 3 Juin 2002, à Saint-Sébastien-sur-Loire, alors que les deux jeunes gens étaient partis en promenade, il avait frappé de plusieurs coups de couteau sa voisine Alice, suivant un scénario inspiré du film d’horreur « Scream ». Apres l’avoir poignardée, le jeune homme s’était enfui à l’arrivée d’un autre voisin, venu promener son chien, qui avait découvert la jeune fille ensanglantée. En attendant l’arrivée des secours, la victime avait pu communiquer l’identité de son agresseur, avant de succomber. Arrêté chez ses parents quelques minutes après le drame, Julien avait expliqué qu’il était fasciné par « Scream », une trilogie du réalisateur Wes Craven, qui met en scène des adolescents issues de milieux bourgeois, semant la terreur sur des campus et portant des masques effrayant pour poignarder les condisciples. Les enquêteurs avaient retrouvés chez lui un sac contenant un modèle du masque, utilisé dans le film et un couteau ».
Ici, une scène de « Scream », pour avoir une idée
de l’ampleur du drame.
Le cinéma n’est que reflet de l’évolution de notre société. Les gens ne cherchent pas le moyen de se cultiver dans cet art,
mais le moyen de rêver. En effet, le spectateur a tendance à s’identifier aux
personnages, et pas toujours sur les bons, certains ont des problèmes tels que :
- La violence, qu'ils en fassent usage ou la subissent (physique,
morale ou psychologique).
- L’anorexie (pour se
reconnaître dans les corps très minces des jeunes filles du monde de la mode,
exemple : « Anorexia
Bulimia Contact »).
-La dépression
-Les drogues.
-etc
Nous concluons cette deuxième partie en
affirmant que le cinéma influence la société de façon positive comme négative et à
différentes échelles. Celui-ci permet un certain dépaysement, nous sort de
notre routine et peut même nous faire rêver. Il peut permettre aussi la
socialisation de l’individu, l’enrichissement culturel, et agit comme un
« miroir » sur la société actuelle. Tout en retraçant certaines
réalités, avec un mélange de fiction, le cinéma nous aide à mettre en évidence
l’évolution des multiples comportements déviants, afin de sensibiliser le
spectateur. Il peut néanmoins avoir une influence négative si le spectateur ne distingue pas de limites avec la fiction et la réalité. Il est un facteur
important même presque obligatoire pour le bon fonctionnement de nos sociétés.